Monsieur Motobécane
L’histoire
Monsieur Motobécane sillonne les routes de Picardie sur sa mobylette bleue à la recherche d’étiquettes de bouteilles de vins. Amandine, huit ans, fait l’école buissonnière, fuit le domaine familial, surgit sur sa route, appelle à l’aide et va bouleverser sa vie. Cette rencontre finira par le conduire en prison, dans sa « chambre à barreaux », où il ne cessera d’écrire et proclamer sa vérité, au cours de sa pittoresque et émouvante symphonie humaine. »
Monsieur Motobécane est-il coupable d’avoir voulu protéger une enfant de huit ans, confrontée à la maltraitance de sa famille ?
Pour la justice des hommes la réponse est oui.
Porté par un langage d’une couleur unique qui n’appartient qu’à lui-même, tour à tour poétique, bouleversant, ou drôle malgré lui, Monsieur Motobécane va tenter de nous convaincre, que la présomption d’innocence restera l’unique recours, lorsque la parole sort du cœur. En dehors de la sphère médiatique ou des salles d’audience, nous garderons notre souffle haletant, et ce sera à chacun de nous de juger l’authentique histoire d’Amandine et de Monsieur Motobécane… »
Le pari ici est de nous donner réflexion que la sincérité du langage, aussi troublante et étonnante soit-elle, peut émerger au-dessus des lois, et balayer toutes formes de règles et de préjugés.
Texte et interprétation de Bernard Crombey
d’après Le Ravisseur de Paul Savatier, (Editions Gallimard)
Mise en scène :
Bernard Crombey et Catherine Maignan
avec la complicité de Maurice Bénichou
Scénographie et lumière Yves Collet
Spectacle présenté par la Compagnie Macartan
Avec le soutien du Théâtre du Beauvaisis
Spectacle SNE
Le coup de démarreur
C’est à la lecture du « Ravisseur » de Paul Savatier que l’envie d’une transposition de l’histoire dans ma Picardie natale a pris naissance.
J’avais parcouru les routes et les chemins, calé sur la selle de ma mobylette bleue, de Creil à Amiens, de Beauvais à Compiègne, de campagnes en campagnes, de villages en villages, des hauts de Picardie à la frontière des ch’timis.
C’est au détour des arrêts-buvettes et des portails de fermes, que la langue la plus fleurie, les expressions jamais ouïes, m’ont envahi le lobe de l’oreille dans une vibrante symphonie humaine. Cette langue devenue interdite à Monsieur Motobécane, parce que jugée inaudible à l’écoute de la justice de ses frères les hommes. Le déploiement artistique de ce chemin de vie m’a inspiré de réécrire l’histoire d’un fait divers des années soixante-dix, dont a été tiré un roman (Le Ravisseur de Paul Savatier), un film (La Drôlesse de Jacques Doillon) et finalement une pièce de théâtre (Monsieur Motobécane de Bernard Crombey).
Le héros, Monsieur Motobécane, je l’ai rencontré… ou pour le moins, j’ai serré la main de son frère jumeau. Pour ceux qui ont vécu au plus proche des campagnes, nous l’avons tous plus ou moins approché, celui qui est aisément décrié par les frelons du village, celui qui n’aurait jamais fait de mal à une mouche, mais accusé du pire délit tant sa naïveté est grande face à l’impitoyable société prête à tout, prête à manipuler les cœurs pour s’octroyer une bonne conscience, la fausse bonne conscience.
Monsieur Motobécane est pris dans les fils d’une toile d’araignée où il n’aurait jamais dû s’aventurer. Il avait pensé que c’était pour le bien de la petiote fillette Amandine, la sauver de ces fils qui emprisonnaient violement son corps et son esprit. Mais la toile s’est refermée sur lui.
Le comédien, l’auteur